De mémoire de Missologue, jamais une élection n’a n’avait suscité aussi peu l’intérêt du public, surtout depuis l’avènement des réseaux sociaux et des campagnes digitales. Mais le constat est là : la course à la succession de Mylène Djihony, Miss Côte d’Ivoire 2023 a plus des allures d’une balade de santé que d’un combat féroce.
Pour autant, ce n’est pas une surprise. Les signes annonciateurs d’une perte d’intérêt pour le concours de beauté vieux d’une vingtaine d’années se faisaient visibles depuis longtemps. Si la participation d’Olivia Yacé en 2021, suivi de sa brillante prestation à Miss World, qui a d’ailleurs valu, le premier titre mondial à la Côte d’Ivoire, avait réussi à déchaîner les foules, la fin de son mandat à laisser un grand vide. Marlène Kouassi, élue pour lui succéder n’a pas réussi à résister à son ombre encore planante au-dessus du concours. Il faut l’avouer, Olivia nous a vendu du rêve. Elle a même fait mieux : elle a fait du rêve de tous les fans de ce concours une réalité : avoir une Miss qui allie, beauté, intelligence et charisme avec victoire. Certaines s’y sont essayées avant elle, mais personne n’avait réussi a atteindre un niveau aussi haut et avec un temps de préparation si faible. Rappelons que seulement trois mois (3) mois séparaient son sacre national et à la compétition international. Pourtant…
Cette victoire d’Olivia a laissé un goût amer au Comici qui n’a pas réussi à maintenir le cap. Et pour cause ? La belle Yacé avait une équipe dédiée de spécialiste et une communication hyper millimétrée. Ce dont a manqué toutes les Miss avant et toutes les Miss qui lui succèdent. Après Marlène Kouassi, Mylène Djihony, ne fera pas mieux malgré ses efforts.
C’est donc avec ce bilan qu’ont démarré les présélections avec un taux de participation des plus faibles. Aucune des présélections n’a réussi a enregistré le maximum de 12 candidates prévues dans le règlement du Comici, là où les comités régionaux étaient habitués à refouler les centaines de candidates qui faisaient chaque fois le déplacement. Les présélections se succèdent et se ressemblent. A cela s’ajoute les nouvelles règles aussi contraignantes que coûteuses pour. Depuis 2020, la participation a Miss Côte d’Ivoire est payante. De 30 000FCFA, elle s’élève désormais à 50 000FCFA. A cela s’ajoute une innovation pour l’édition 2024 : les 1ère et 2ème dauphine de chaque présélection sont désormais soumis au vote des internautes qui seuls choisissent celle qui participera à la finale nationale. Si pour certaines, c’est une chance de rester dans la compétition, l’on n’apprendra très vite que rien n’est gratuit. En effet, à partir de la 3ème présélection, les votes initialement gratuits sont devenus payants : 300FCFA le clic. Quand on voit que les candidates qualifiées pendant le face à face enregistre plus de 1000 votes, je vous laisse faire le calcul.
Vote en ligne, campagne sur les réseaux sociaux, préparation physique, cours d’art oratoire… être élue Miss Côte d’Ivoire a désormais un coût que seule la beauté ne peut satisfaire. Résultat : désertion de profil peu nanti qui verront leurs rêves de petites filles rester au stade de rêve. Et pourtant, tout partait d’une si belle intention.
A quelques heures de la finale, le constat est là : le concours ne suscite plus grand intérêt du public. Il a besoin de se réinventer : revenir à ces bases qui en faisaient un rêve de petite fille et se moderniser pour rester d’actualité. La communication autour de l’événement doit être totalement repensée avec des idées novatrices et du contenu de qualité. La direction artistique autour des apparitions des candidates doit être retravailler et les apparitions uniformisées pour gommer les différences. Mettre en avant les régions pour cette édition est une belle initiative mais cela tombe un peu à plat quand la moitié des candidates n’a pas été élue dans la région qu’elle représente. Nous attendons impatiemment le soir du 29 juin pour voir si une compétition de costume nationale autour de ces régions va être organisée. En ce qui concerne la mise au vert, il serait important de communiquer sur les épreuves que subissent les candidates afin de déterminer le TOP 12. Enfin, on constate depuis peu l’implication de certaines autorités régionales pour l’accompagnement des candidates, c’est très bien. Cependant, il faut aller encore plus loin, avec l’implication de tous les comités dans le succès de leurs candidates.
Enfin, et l’après Miss Côte d’Ivoire ? Que devient la Miss ? Quelle est la communication qui est faite autour de son mandat ? Comment peut-elle avoir un impact positif sur le rayonnement du concours ? Toutes ces questions doivent trouver une réponse afin que la Côte d’Ivoire puisse se démarquer à l’international.
En attendant, rendez-vous le 29 juin au Parc des expositions pour suivre le concours.
