Fall in mode

[LA BEAUTE NOIRE REINVENTEE] #1: “Je me sens libre depuis que j’ai adopté la tendance crépu”

Dans le cadre de sa couverture #14 sur le thème de la beauté noir, votre webzine préféré à mené une enquête sur le sujet. En abordant les points principaux aux travers desquels se définit la beauté, nous explorons avec vous les différentes réalités existantes.

Un mètre soixante-cinq, mince et noir, Alexandra* passe presque pour une madame-tout-le-monde. Et pourtant elle fait partie des nombreuses femmes qui, aujourd’hui arborent une coupe afro, des cheveux frisés. La tendance nappy, véritable révolution capillaire de ces vingt dernières années, serait pour les francophones la contraction des mots anglais « natural » et « happy » alors qu’il n’est en réalité que la traduction du mot anglais pour  « crépue ». Néee avec les Black Panthers, elle n’est remis au goût du jour que dans les années 2000 avec de célèbres stars comme Solange Knowles et Oprah Winfrey.

Trois ans auparavant, Alexandra avait sa routine capillaire. Chaque deux semaines, elle se rendait au salon de coiffure et se faisait défriser ou faire un brushing. Ses cheveux étaient longs mais regimbants.

 C’était une véritable torture ces séances chez le coiffeur. Mes cheveux ne ‘’prenaient’’ jamais. Je me brûlais le cuir chevelu de temps à autre pour être sûr que le défrisage soit réussi. Et je ne vous parle même pas des brushings.

Puis, un jour, elle rencontra à son travail une collègue qui venait de se faire embaucher. Celle-ci portait des dreads locks et c’est grâce à elle qu’Alexandra rejoint le mouvement nappy.

 Au début, c’est difficile d’abandonner de vieilles habitudes et de se lancer dans une nouvelle aventure capillaire. Surtout que Sarah ma collègue a voulu que je me coupe complètement mes cheveux pour les laisser repousser. Vous n’imaginez pas le nombre de foulards que j’ai dû acheter en si peu de temps. (rires)

A la question de savoir ce qu’être nappy a changé dans sa vie, Alexandra répond qu’elle est devenue une autre personne.

Laisser ses cheveux grandir comme ils devraient, c’est accepter ce qu’on est vraiment. L’on a toujours imposé aux femmes noires des modèles de beauté bien loin d’elles. Mince, élancée, cheveux lisses, les codes de la beauté ont beaucoup été révolutionnés ces dernières années mais les cheveux restent les mêmes, à savoir défrisés. Adopter le style nappy, c’est rejeter ce modèle de beauté, mais aussi affirmer son identité.

Dans les années 1960, quand les Black Panthers portaient leur coupe afro, c’était surtout pour cette raison : montrer au reste du monde qu’ils sont Noirs et fiers.

 Je me sens libre depuis que j’ai adopté la tendance crépu. Libre parce que j’ai pu enfin me débarrasser de ce complexe qui me pourrissait la vie. Mais je me sens également plus proche de ma culture. C’est comme si je me reconnectais à mes ancêtres, à mon histoire en tant que descendante du peuple Noir.

Au-delà d’une simple manière d’entretenir ses cheveux, être nappy est un mode de vie, un mouvement. Et comme dans tout mouvement, il a ses extrémistes qu’on appelle les nappex. Ces dernières stipulent clairement que toutes les femmes devraient adopter le style nappy et que c’est une honte de vouloir ressembler aux autres femmes.

 Hey ! I am not my hair. I am not this skin. I am not your expectations. I am a soul that lives within.

. Littéralement, la chanteuse India Arie dans sa chanson I am not my hair, disait qu’elle n’est pas ses cheveux, ni sa peau et encore moins leurs attentes mais plutôt l’âme qui vit en elle..

 Les femmes qui se défrisent ont leurs raisons. J’avais les miennes et elles n’avaient aucun rapport avec le déni de son identité.  C’est très pratique quand on n’a pas le temps de prendre soin de ses cheveux, être nappy demande beaucoup de soins.

Alexandra est aujourd’hui une jeune femme épanouie et bien dans sa peau. Elle termine sur ce point:

L’essentiel est d’être bien dans sa peau.  Adopter la mode nappy justement pas parce que c’est une mode mais parce que ça peut nous aider à nous sentir mieux dans nos baskets.”

*Alexandra: Le prénom de notre interlocutrice a été modifié par soucis d’anonymat

En photo d’Illustration, Amee, co-cover star #14

Crédit Photo: Philippe Loret Studios

Assistants: Philippe Loret Studios

Concept: Amenan Tanoh/ Ivan Kall

Direction Artistique: Fantastyck/ Umar Sidibé

Maquillage/Coiffure: Wilfrieddeirfliw Tano

Stylisme: Zango by Ibrahim Fernandez

[LA BEAUTE NOIRE REINVENTEE] #1: “Je me sens libre depuis que j’ai adopté la tendance crépu” was last modified: juin 9th, 2017 by Amenan Tanoh
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